Il existe un rêve d’architecte où l’architecture va au-delà de la construction matérielle…Ce rêve est fondé sur la naïveté de l’enfant qui se révèle de suite être sagesse, lorsqu’il nous dit que nous ne pouvons pas faire plus beau qu’un champ d’herbe sous le soleil, dans le silence de la nature…A une époque ou la crise économique, sociale et écologique nous impose une révision importante de notre façon de se mettre en relation avec le monde, cette pensée innocente cesse de n’être que de l’ingénuité et devient au contraire un espoir pour une action intelligente et raisonnable. De plus, la demande d’intervenir dans un domaine situé entre l’architecture et le paysage est particulièrement inspiratrice pour la formulation de cette nouvelle relation entre l’action de l’homme et la nature.C’est sur la base de ces réflexions simples et humbles que nous proposons pour Lezigno un champ éclairé par des lucioles et des lampyres. Ces petits coléoptères fragiles et en voie extinction sont le symbole même de la beauté et de la poésie sans compromis de la nature.
Notre proposition consiste en une petite intervention, légère et délicate, ayant le but éphémère d’inviter des milliers de ces insectes à ré-habiter ce champ. Une colonie de lucioles, rassemblée et cultivée par des scientifiques qui suivront l’évolution des insectes tout à long de l’expérience. Des tiges colorés en matériau composite formeront un support léger et flexible pour un réseau de câbles de fibre optique, qui emmétreront pendant la nuit des faibles lumières intermittentes similaires à celle des lucioles, afin d’attirer le regard, mais aussi de créer une symbiose recherchée entre l’élément naturel et la technologie.
Ces tiges seront le seul signale visible pendant le jour, et indiqueront vaguement la présence d’un événement, une intervention presque imperceptible, une sorte d’acupuncture dans le paysage. Comme des fils d’herbes rouges, ces structures fines seront la prolongation vers la ciel du champ de coquelicot qui colorent l’herbe. La magie des lucioles sera accompagnée par celle du monde végétale avec la plantation de ces fleurs : des simples graines, la plus petite partie d’un organisme vivant, une cellule qui détient en puissance tout le patrimoine génétique des ancêtres de son espèce.
Dans un contexte culturel ou l’architecture est souvent réduite à un fait de spectacle, le projet LUCCIOLA – le nom vient du mot italien indiquant ces petits insectes – assume le pari courageux d’un changement de vision radicale, une non–construction déduite de la nécessité de revoir le rapport que nous entretenons avec la planète, et qui implique une rééquilibration des forces en jeu dans ce rapport.
LUCCIOLA sera alors la création d’un événement qui se fait e se défait tout seul, naturellement, qui ne va durer que le temps dédié à la performance, le temps d’une saison, nécessitant très peu d’intervention externe et dont le total épanouissement ne relève que de ce climat désormais déréglé. Directement responsables de cela, nous sommes invités à regarder les lucioles et les coquelicots en tant que simple spectateurs quasi impuissants, un spectacle pour le réapprentissage des forces de la nature.
Il existe alors une architecture qui ne trahit pas les désirs d’enfant , celle-ci est l’architecture des rêves…
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